Frère dominicain et missionnaire (1350-1419). Vincent naquit à Valence, en Espagne. Sa mère, avant sa naissance, eut révélation de son avenir. Inquiète, elle consulta un saint personnage et en reçut l’assurance que cet enfant prédestiné serait un grand saint, dont l’éloquente parole ferait fuir les loups et ramènerait au bercail les brebis égarées.
Tout petit enfant, il réunissait ses camarades, leur parlait du bon Dieu et de la Sainte Vierge avec tant d’onction et d’amour, qu’ils en étaient touchés.
Après avoir édifié quelques années le couvent des Dominicains de Valence, il fit ses premiers essais dans la prédication, et l’on accourut bientôt de loin pour l’entendre. Il puisait son éloquence dans les plaies sacrées du Sauveur et dans les lumières de l’oraison. Un jour qu’il devait prêcher devant un grand seigneur, il se prépara, contre son ordinaire, plus par l’étude que par la prière; son sermon fut remarquable. Mais le lendemain, prêchant devant le même seigneur, après une longue préparation aux pieds du crucifix, il parla avec beaucoup plus de chaleur et d’onction. Le prince lui en demanda la raison :
Monseigneur, dit le Saint, c’est Vincent qui a prêché hier, et c’est Jésus-Christ qui a prêché aujourd’hui.
Vincent avait quarante ans quand il entra pleinement dans sa vocation de missionnaire, après avoir été guéri d’une grave maladie par Notre-Seigneur. Un bâton d’une main, un crucifix de l’autre, il parcourut à pied presque toutes les provinces de l’Espagne, de la France et de l’Italie, instruisant, édifiant, convertissant les foules; il alla jusqu’en Angleterre, en Écosse et en Irlande, répandre la semence de la parole divine.
Les églises ne suffisant pas à contenir la foule de ses auditeurs, il prêchait ordinairement sur les places publiques et en pleine campagne. On compte que ce prédicateur tout divin convertit vingt-cinq mille juifs et autant de musulmans, et retira du vice plus de cent mille pécheurs. Dieu renouvela pour lui le miracle des premiers jours de l’Église: Vincent ne prêchait qu’en latin et en espagnol, et tous ses auditeurs, quels qu’ils fussent le comprenaient dans leur langue.
Son triomphe était la prédication des fins dernières; il fut l’apôtre du jugement dernier, et les foules frémissaient de terreur dès qu’il répétait les paroles du prophète :
Levez-vous, morts, et venez au jugement.
Quand Vincent prêchait en quelque lieu, les marchands de disciplines, de cilices et autres instruments de mortification accouraient et ne pouvaient suffire à satisfaire les acheteurs. Tous les jours, après le sermon, son compagnon sonnait les miracles, et on apportait les malades en foule. Vincent Ferrier mourut à Vannes, en 1418.