Saint Robert fonda le 28 décembre 1043, selon la date gardée par la tradition, un petit ermitage au lieu qu’il appellera Casa Dei, qui veut dire en latin populaire « Maison de Dieu » et dérivera en « La Chaise-Dieu ».
Saint Robert et la Chaise-Dieu
Saint Robert de Turlande est né en 1001. Après avoir été chanoine à Saint-Julien-de-Brioude, il décide vers 1040 de partir en pèlerinage ; il se rend à Rome, puis à la grande abbaye du Mont Cassin, en Italie du Sud, fondée par Saint Benoît, père des moines d’Occident.
Très vite, les vocations afflueront auprès de Saint Robert et, dès 1050, le petit ermitage de La Chaise-Dieu est devenu une abbaye reconnue par l’évêque de Clermont dont elle dépend. En 1052, c’est le pape Léon IX qui accorde sa protection à l’abbaye. A la mort du fondateur, en 1067, déjà 42 prieurés dépendent de La Chaise-Dieu qui a également une dépendance féminine avec le monastère de Lavaudieu situé dans la vallée près de Brioude, sur les bords de la Sénouire.
Un immense rayonnement
L’abbaye ne cessera d’étendre son influence au Moyen Age, ayant environ 300 maisons sous sa dépendance à la fin du XIIIème siècle, ce qui en fait l’une des plus importantes congrégations bénédictines en France à cette époque. Elle aura même des dépendances en Espagne (Burgos) et en Italie (Frassinoro, notamment). Elle sera favorisée par les papes, spécialement par Clément VI qui avait été moine de l’abbaye et fit construire une nouvelle église abbatiale (c’est l’Église actuelle) dans laquelle il fut, conformément à son désir, inhumé en 1353.
Après une période difficile au XVème et surtout au XVIème siècle avec l’introduction de la commende et la crise religieuse du temps de la Réforme, l’abbaye connut une période de renouveau avec l’arrivée de la congrégation bénédictine réformée de Saint-Maur en 1640. En 1790, il restait vingt moines à La Chaise-Dieu dont trois avaient moins de trente ans ; la municipalité décida alors de choisir le dernier prieur de l’abbaye comme maire.
La révolution passant à une phase de lutte contre l’Église, les moines durent quitter l’abbaye qui fut confisquée et vendue par lots comme bien national.
L’ancienne église abbatiale est devenue aujourd’hui église paroissiale ainsi que la chapelle des Pénitents (ancien réfectoire du monastère).
Testament de saint Robert
Vous savez mes frères, comment la Charité du Christ nous a réunis ici, comment le Seigneur nous a. appris à donner tout ce qui est en nous et à le donner à tous, connus et inconnus, riches et indigents, qu’on l’accepte de bon cœur ou qu’on n’en veuille pas.
C’est pourquoi j’ai voulu que l’autel majeur de cette sainte maison fût consacré sous le vocable par excellence de Dieu qui est la charité, afin que la charité fût toujours et de tous temps la reine de ce monastère et de ceux qui l’habitent ou qui l’habiteront par la suite et que l’épargne sordide et l’avarice n’y puissent jamais trouver la moindre place. Je vous prédis en conséquence que si vous mettez de côté mes recommandations sur ce point, on verra les calamités et la pénurie s’abattre sur le monastère ; si, au contraire, vous et vos successeurs observez religieusement ce que je vous ai enseigné, vous recevrez de Dieu, sans qu’il y ait de doute possible, et les biens temporels en ce monde, et les biens éternels en abondance.