Parmi les gestes rituels qui appartiennent à l’ensemble de l’assemblée, le silence occupe une place d’importance absolue. Bien souvent, il est expressément prescrit dans les rubriques. Toute la célébration eucharistique est immergée dans le silence qui précède son début et qui marque chaque moment de son déroulement rituel. En effet, il est présent dans l’acte pénitentiel, après l’invitation « Prions », dans la Liturgie de la Parole (avant les lectures, entre les lectures et après l’homélie), dans la prière eucharistique, après la communion [16]. Un tel silence n’est pas un havre intérieur dans lequel se retirer dans une sorte d’isolement intime, comme si on laissait derrière soi la forme rituelle considérée comme une distraction. Ce type de silence contredirait l’essence même de la célébration. Le silence liturgique est quelque chose de beaucoup plus grand : il est le symbole de la présence et de l’action de l’Esprit Saint qui anime toute l’action de la célébration. C’est pourquoi il constitue un sommet dans une séquence liturgique. C’est précisément parce qu’il est un symbole de l’Esprit qu’il a le pouvoir d’exprimer l’action multiforme de l’Esprit. Ainsi, en reprenant les moments que je viens de mentionner, le silence conduit à la contrition et au désir de conversion. Il suscite la disponibilité à l’écoute de la Parole et à la prière. Il nous dispose à adorer le Corps et le Sang du Christ. Il suggère à chacun, dans l’intimité de la communion, ce que l’Esprit veut opérer dans nos vies pour nous conformer au Pain rompu. Pour toutes ces raisons, nous sommes appelés à accomplir avec un soin extrême le geste symbolique du silence. À travers lui, l’Esprit nous donne forme.