Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
Dieu prend plaisir à nous faire mourir.
Pour la mortification extérieure des sens, il nous la fait faire par certains efforts de courage contre nous-même. Plus les sens sont amortis par ce courage de l’âme, plus l’âme voit sa vertu, et se soutient par son travail. Mais dans la suite Dieu se réserve à lui-même d’attaquer le fond de cette âme, et de lui arracher jusqu’au dernier soupir de toute vie propre. Alors ce n’est plus par la force de l’âme qu’il combat les objets extérieurs ; c’est par la faiblesse de l’âme qu’il la tourne contre elle-même. Elle se voit ; elle a horreur de ce qu’elle voit. Elle demeure fidèle ; mais elle ne voit plus sa fidélité. Tous les défauts qu’elle a eus jusqu’alors s’élèvent contre elle ; et souvent il en paraît de nouveaux dont elle ne s’était jamais défiée. Elle ne trouve plus cette ressource de ferveur et de courage qui la soutenait autrefois. Elle tombe en défaillance : elle est comme Jésus-Christ, triste jusqu’à la mort. Tout ce qui lui reste, c’est la volonté de ne tenir à rien, et de laisser faire Dieu sans réserve.
Encore même n’a-t-elle pas la consolation d’apercevoir en elle cette volonté. Ce n’est plus une volonté sensible et réfléchie, mais une volonté simple, sans retour sur elle-même, et d’autant plus cachée qu’elle est plus intime et plus profonde dans l’âme.