Combien l’humanité chrétienne est ferme…, les sacrifices du Seigneurs le déclarent par eux-mêmes. Car lorsque le Seigneur appelle son corps le pain qui est fait de beaucoup de grain réunis, il signifie par là l’union de tous les peuples chrétiens, qu’Il portait en Lui. Et lorsqu’il appelle son sang le vin qui, de nombreux raisins, ne fait qu’un seul breuvage, Il signifie encore que le troupeau que nous sommes provient d’une multitude ramenée à l’unité.
Apprenons la merveille de ce sacrement, la fin de son institution, les effets qu’il produit. Nous devenons un seul corps, dit l’Écriture, membres de sa chair et os de ses os. C’est ce qu’oppère la nourriture qu’Il nous donne : Il se mêle à nous, afin que nous devenions tous une seule chose, comme un corps joint à la tête.
Pour nous fondre dans l’unité avec Dieu et entre nous quoique nous ayons chacun une personnalité distincte, le Fils unique a inventé un merveilleux moyen : par un seul corps, le sien propre, il sanctifie ses fidèles dans la communion mystique, les faisant un seul corps avec Lui et entre eux. Nulle division ne peut survenir à l’intérieur du Christ. Unis tous à l’unique Christ par son propre corps, nous sommes les membres de ce corps unique, et Il est ainsi pour nous le lien de l’unité.
Tous nous sommes, par la nature, enfermés les uns et les autres en nos individualités. Mais d’une autre façon, tous ensemble, nous sommes réunis. Divisés en quelque sorte en personnalités bien tranchées, par quoi un tel est Pierre, ou Jean, ou Thomas, ou Matthieu, nous sommes comme fondus en un seul corps dans le Christ, en nous nourrissant d’une seule chair. Un seul Esprit nous marque pour l’unité, et comme le Christ est un et indivisible, nous tous ne sommes plus qu’un en lui. Aussi disait-il à son père céleste : « Qu’il soit un comme nous sommes uns ».
On vous dit : « Le corps du Christ ». Et vous répondez : « Amen ». Soyez donc membres du corps du Christ, pour que soit vrai votre Amen. – Et pourquoi ce mystère est-il fait avec du pain ? – Ne disons rien de nous-mêmes. Ecoutons l’Apôtre qui, parlant de sacrement, dit : « Nous sommes tous, nous les nombreux, un seul corps, un seul pain ». Comprenez et réjouissez-vous. Unité, piété, charité ! Un seul pain : et qu’est-ce que ce pain unique ? – Un seul corps, fait de beaucoup. Songez que le pain ne se fait pas avec un seul grain mais avec un grand nombre. Pendant les exorcismes, vous étiez en quelque façon sous la meule. Au baptême, vous avez été imbibés d’eau. L’Esprit-Saint est venu alors en vous, comme le feu qui cuit la pâte : Soyez donc ce que vous voyez et recevez ce que vous êtes…
Quant au calice, mes frères, rappelez-vous comment on fait le vin. Beaucoup de grains pendent à la grappe, mais la liqueur qui coule de tous se confond dans l’unité. Ainsi le Seigneur a voulu que nous Lui appartenions, et Il a consacré sur son autel le mystère de notre paix et de notre unité.
Si le sacrement est une union avec le Christ et en même temps une union des uns avec les autres, il nous procure de toute façon l’unité avec ceux qui le reçoivent comme nous.