Johann Tauler naît, au début du XIVème siècle, dans le milieu aisé de la bourgeoisie strasbourgeoise. Il entre chez les Dominicains vers sa quinzième année. Il est vraisemblable qu’il écoute, au Studium de Cologne, les prédications de Maître Eckhart dont l’influence spirituelle est indéniable sur son œuvre.
Après un exil momentané à Bâle (1339-1346) il se consacre à l’enseignement et à la direction de conscience, parcourant les paroisses et les couvents des plaines rhénanes, principalement sur les rives de l’Ill.
Son œuvre, essentiellement destinée à l’édification des âmes pieuses dont il a la charge, évoque dans un style plus nuancé, plus familier et imaginé que celui d’Eckhart, la percée du fond de l’être dans l’incréé, mais elle se révèle également une redoutable machine de guerre contre la philosophie scolastique dont il brocarde les « grands maîtres de Paris » qui s’empêtrent dans les livres « écrits de main d’homme » et dédaignent « le livre de vie » où s’exhausse « l’admirable opération divine ». Tauler se soucie moins de la création cosmique que du « Jeu éternel du Verbe dans le cœur du Père »; seule l’expérience mystique, « éprouvée dans le fond de l’âme », abolissant les barrières frustrantes de l’intellect, peut saisir la pénétration de l’Esprit Saint dans le silence des consciences apaisées.
Tauler dont la pratique confessionnelle l’avertissait des égarements provoqués par des actes « spirituels » inconsidérés (dévotions mécaniques ou mortifications spectaculaires) s’efforça toujours de ramener ses disciples dans le droit chemin…
Une pierre tombale authentifie sa mort à Strasbourg en 1361.