Du latin anima, rendant le mot grec psykhè, comme l’hébreu nèphèch, qui peut être traduit non seulement par « âme », mais par « vie », « personne », ou même par le pronom « je », « quelqu’un ». Cet éventail de traductions suggère l’amplitude de sens que peut prendre le mot. Il recouvre un domaine bien plus étendu que celui d’une anthropologie vulgarisée limitant l’âme à une des composantes de l’être humain.
1. Au sens primitif, l’âme désigne le souffle qui habite l’homme vivant [1] ou abandonne celui qui expire [2]. Ce souffle n’est pas propriété de l’homme, mais don de Dieu [3]. L’homme est devenu « âme vivante », parce que Dieu, seul vivant, a insufflé en ses narines un souffle de vie [4]. Cette âme n’est pas par elle-même immortelle, mais subsistant en Dieu qui la crée sans cesse, elle peut ne pas mourrir à jamais [5] : il appartient à Dieu seul de la ressusciter et de la sauver [6].
2. Par extension, l’âme désigne un être vivant, une personne [7]. Une âme, c’est quelqu’un, c’est le Moi [8]. C’est moi-même, sous son aspect d’intériorité et de puissance vitale [9], pouvant m’exprimer par mon corps et éprouver des sentiments variés [10]. En un texte unique dans le NT [11], l’expression « âme et corps » désigne probablement non pas deux composantes de l’homme, mais la personne humaine dans ses manifestations, comme l’a compris Luc. En un autre texte, unique aussi [12], « esprit, âme et corps », Paul ne propose pas une division tripartite de l’homme (ni sémitique ni grecque), mais désigne l’homme entier sous ses divers aspects.
3. Enfin le terme est ambivalent, comme celui de vie par lequel on le traduit ordinairement. Il peut désigner la vie terrestre et mortelle que l’on veut préserver [13], dont il ne faudrait pas se soucier à l’excès [14] et qu’il conviendrait de savoir vouer, risquer [15], ou même de sacrifier [16], à l’exemple de Jésus [17]. La perspective de la vie éternelle, qui est Dieu même, invite à ne pas vouloir assurer par soi la vie temporelle [18], mais à la haïr [19] pour la remettre à Dieu qui, seul, peut la sauvegarder [20].
[1] 2 S 1, 9 ; 1 R 17, 21 ; Ac 20, 10.
[2] Gn 35, 18 ; Lc 21, 26 ; Ac 5, 5.10 ; 12, 23.
[3] Ps 104, 29s ; Lc 12, 20.
[4] Gn 2, 7 ; 1 Co 15, 45.
[5] Sg 2, 23 ; Mt 10, 28 ; Ap 6, 9 ; 20, 4.
[6] 2 M 7, 9.14.23 ; Sg 16, 14 He 10, 39 ; 1 P 1, 9.
[7] Gn 1, 20s ; 46, 27 ; Mc 3, 4 (= Lc 6, 9) ; Ac 2, 41-43 ; 3, 23 ; 7, 14 ; 27, 10.37 ; Rm 2, 9 ; 13, 1 ; A P 3, 20 ; Ap 8, 9 ; 16, 3 ; 18, 13.
[8] 1 S 18, 1.3 ; Mt 12, 18 ; He 10, 38.
[9] Am 6, 8 ; Mt 22, 37 (= Mc 12, 30 = Lc 10, 27) ; 2 Co 1, 23 ; Ep 6, 6 ; Col 3, 23.
[10] Dt 6, 5 ; Mt 11, 29 ; 26, 38 (= Mc 14, 34) ; Lc 1, 46 ; 12, 19 ; Jn 12, 27 ; Ph 2, 19s ; He 12, 3.
[11] Mt 10, 28 (= Lc 12, 4s).
[12] 1 Th 5, 23.
[13] Mt 2, 20 ; Lc 21, 19 ; Ac 2, 27 ; Rm 11, 3.
[14] Mt 6, 25 (= Lc 12, 22s).
[15] Ac 15, 26 ; 20, 24 ; Rm 16, 4 ; Ph 2, 30.
[16] Jn 13, 37s ; 15, 13 ; 1 Th 2, 8 ; 1 Jn 3, 16 ; Ap 12, 11.
[17] Mt 20, 28 (= Mc 10, 45) ; Jn 10, 11.15.17.
[18] Mt 10, 39 ; 16, 25 (= Mc 8, 35-37 = Lc 9, 24) ; Lc 17, 33.
[19] Lc 14, 26 ; Jn 12, 25.
[20] Jc 1, 21 ; 5, 20.