Il est vraiment impossible de comparer directement le christianisme à l’hellénisme sans par le fait même sous-estimer son originalité. Car son originalité ne consiste pas tant dans ses doctrines particulières, ni même dans son enseignement total, ou encore dans la place spéciale que chaque doctrine occupe à l’intérieur de cet enseignement. Elle consiste dans la révélation qu’il apporte, à travers la personne et l’exemple de son Fondateur, de la profondeur et de l’inépuisabilité absolument insoupçonnées jusqu’alors de la Personnalité humaine, comme aussi dans la révélation de la Source et de l’Analogie de cette Personnalité en Dieu, et enfin, dans la révélation de la laborieuse simplicité de l’accès indéfini de l’homme à Dieu, répondant à une condescendance toujours prévenante de Dieu pour l’homme. Dès lors, si le christianisme est avant tout la révélation de la Personnalité, et si la Personnalité est toujours une Unité dans une multiplicité – et d’autant plus profondément une et plus profondément multiple qu’est profonde cette réalité spirituelle -, il ne faut pas s’étonner de l’embarras qu’on éprouve à désigner une doctrine particulière quelconque comme constituant l’apport original du christianisme.
Car une Personne est venue, qui vécut et qui aima, qui agit et qui enseigna, mourut et ressuscita ; et cette Personne continue à vivre par sa puissance et par son Esprit, à jamais ; en nous et parmi nous ; si indiciblement riche et cependant si simple, si sublime et cependant si familière, si divinement au-dessus de nous précisément en tant qu’elle est divinement proche, – que son caractère propre et son enseignement exigent, pour être plus pleinement – quoique jamais complètement – compris, l’étude diverse et les différentes expériences et adaptations, incorporations et développement, de toutes les races et de toutes les civilisations, de toutes les vies individuelles et collectives, simultanées et successives, de l’Humanité jusqu’à la fin des temps.