Réjouis-toi comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. Et que peut-il y avoir de supérieur à cette joie, ô Vierge Mère ? Que peut-il y avoir au-dessus de cette grâce, que tu es la seule à avoir reçue en partage de la part de Dieu ? Que peut-on concevoir de plus joyeux et de plus lumineux ? Tout demeure loin derrière tes merveilles, tout se trouve au-dessous de ta grâce. Les privilèges les plus certains n’ont que le second rang et ne possèdent qu’un éclat bien moindre.
Le Seigneur est avec toi. Qui oserait rivaliser avec toi sur ce point ? Dieu naît de toi. Qui donc ne te céderait la place aussitôt pour te laisser avec joie la primauté et l’excellence ? Aussi, lorsque je contemple ta supériorité sur toutes les créatures, je proclame hautement tes louanges : Réjouis-toi comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. La joie qui émane de toi n’est pas seulement accordée aux hommes mais aussi à toutes les puissances d’en haut.
Vraiment tu es bénie entre toutes les femmes, parce que tu as transformé la malédiction d’Ève en bénédiction ; parce que Adam, qui auparavant était maudit, a obtenu d’être béni à cause de toi.
Vraiment tu es bénie entre toutes les femmes, parce que, grâce à toi, la bénédiction du Père s’est levée sur les hommes et les a délivrés de l’antique malédiction.
Vraiment tu es bénie entre toutes les femmes, parce que, grâce à toi, tes ancêtres sont sauvés, car c’est toi qui vas engendrer le Sauveur qui leur procurera le salut.
Vraiment tu es bénie entre toutes les femmes, parce que, sans avoir reçu de semence, tu as porté ce fruit qui fait don à la terre entière de la bénédiction, et la rachète de la malédiction d’où naissent les épines.
Vraiment tu es bénie entre toutes les femmes, parce que, étant femme par nature, tu deviens effectivement Mère de Dieu. Car si celui que tu dois enfanter est en vérité Dieu incarné, tu es appelée Mère de Dieu à très juste titre, puisque c’est Dieu que tu enfantes en toute vérité […].
Dieu lui-même habite charnellement dans ton sein, il en sort comme l’Époux pour apporter aux hommes la joie et la lumière divines. C’est en toi, ô Vierge, que Dieu, comme dans un ciel très pur et lumineux, a établi sa demeure ; de toi, il s’élance comme un époux quittant la chambre nuptiale ; imitant la course d’un géant, il va parcourir la carrière de sa vie, qui apportera le salut à tous les vivants et qui, s’étendant d’une extrémité du ciel à l’autre, remplira toutes choses de son ardeur divine et de sa lumière vivifiante.