Tard je t’ai aimée,
ô beauté si ancienne et si nouvelle,
tard je t’ai aimée !
Mais quoi ? tu étais au dedans de moi,
et j’étais, moi, en dehors de moi-même.
Et c’est au dehors que je te cherchais !
Je me ruais dans ma laideur,
sur la grâce de tes créatures.
Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi…
Tu m’as appelé,
et ton cri a forcé ma surdité ;
Tu as brillé,
et ton éclat a chassé ma cécité ;
Tu as exhalé ton parfum,
et je l’ai respiré,
et voici que pour toi je soupire.
Je t’ai goûtée et j’ai faim de Toi !
Tu m’as touché,
et j’ai brûlé d’ardeur pour la paix
que Tu donnes.
Quand je te serai uni de tout moi-même,
il n’y aura plus pour moi de douleur,
plus de fatigue;
ma vie, toute pleine de Toi,
sera alors la vraie Vie.