Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive.
C’est au milieu des choses que l’homme doit saisir Dieu et habituer son cœur à le posséder en tout temps comme quelqu’un de présent, dans le sentiment, dans l’esprit et dans la volonté…
Sur quoi repose donc une telle vraie possession de Dieu ? Elle repose sur le sentiment du cœur et sur une disposition d’esprit intérieure raisonnable, une orientation de la volonté vers Dieu. Non sur une idée fixe permanente de Dieu ! Ce serait d’ailleurs humainement impossible d’exécuter une pareille résolution, ou du moins extrêmement difficile, et en tout cas ce ne serait pas le meilleur. L’homme ne doit pas se donner pour satisfait avec une idée de Dieu – quand l’idée disparaît, le Dieu disparaît aussi. Mais on doit avoir un Dieu réel, qui est élevé au-dessus de la pensée de l’homme et de tout le créé. Ce Dieu ne disparaît pas, à moins qu’on ne s’en détourne volontairement.
Qui a ainsi Dieu essentiellement, celui-là seul prend Dieu divinement et Dieu rayonne devant lui à travers toutes choses : toutes lui donnent le goût de Dieu, dans toutes Dieu se reflète en lui, Dieu lui-même a en tout temps un regard en lui. Il est détaché de tout liens et son imagination est orientée à l’intérieur, vers l’objet de son amour, vers Dieu. – Comme quand quelqu’un a une soif ardente, une grande soif. Il fait sans doute autre chose que de boire, il peut aussi penser à d’autres choses. Mais quoi qu’il fasse, où qu’il soit et dans quelque dessein que ce soit, l’image de la chose à boire ne le quitte pas, aussi longtemps que sa soif dure. Et plus sa soif est grande, plus intérieure, présente et continuelle devient l’image de la chose à boire.