Il faut rendre à chacun ce qui lui revient. Voilà une parole vraiment pleine de sagesse et de science célestes. Car elle nous enseigne qu’il y a deux sortes de pouvoir, l’un terrestre et humain, l’autre céleste et divin… Elle nous apprend que nous sommes ainsi tenus à une double obéissance, l’une aux lois humaines et l’autre aux lois divines… Il nous faut payer à César la pièce portant l’effigie et l’inscription de César, à Dieu ce qui a reçu le sceau de l’image et de la ressemblance divines : « La lumière de ton visage a laissé sur nous ton empreinte, Seigneur » (Ps 4, 7 Vulg).
Nous avons été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1, 26). Tu es homme, ô chrétien. Tu es donc la monnaie du trésor divin, une pièce portant l’effigie et l’inscription de l’empereur divin. Dès lors, je demande avec le Christ : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? » Tu réponds : « De Dieu ». Je te réponds : « Pourquoi donc ne rends-tu pas à Dieu ce qui est à lui ? »
Si nous voulons être réellement une image de Dieu, nous devons ressembler au Christ, puisqu’il est l’image de la bonté de Dieu et « l’effigie exprimant son être » (He 1, 3). Et Dieu « a destiné ceux qu’il connaissait par avance à être l’image de son Fils » (Rm 8, 29). Le Christ a vraiment rendu à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Il a observé de la manière la plus parfaite les préceptes contenus dans les deux tables de la loi divine « en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2, 8), et ainsi il était orné au plus haut degré de toutes les vertus visibles et cachées.