Ce sont des hommes qui ont été prévenus de ce qu’ils avaient à attendre en professant leur foi, et qui ont eu maintes occasions d’y renoncer mais qui ont supporté et eu de la patience et qui, pour l’amour du nom du Christ, ont souffert et ne se sont pas lassés (cf. Ap 2, 3). Tel était saint Étienne, non pas amené par surprise à confesser sa foi et tué (pour ainsi dire) dans une embuscade, mais faisant face hardiment à ses persécuteurs et, en dépit des circonstances qui laissaient présager sa mort, attendant leur fureur. Et si le martyre dans les premiers temps n’était pas la mort aléatoire et inattendue de ceux qui se trouvaient professer la foi chrétienne, il est encore bien moins comparable aux souffrances de la maladie, que celle-ci soit grandes ou moindres. Personne ne soutient qu’il y ait de la grandeur dans le simple fait de souffrir. Un homme qui souffre n’y peut rien, il ne peut échapper à sa souffrance, à quelque degré qu’il le souhaite et autant que faire se peut […]. Mais, être un martyr, c’est sentir venir l’orage et, volontairement le supporter à l’appel du devoir, pour l’amour du Christ et pour le bien de ses frères ; et c’est là une sorte de fermeté que de nos jours nous n’avons pas le moyen de manifester […]. Ne sommes-nous pas […] des êtres qui aspirent au ciel en rampant, sans faire aucun noble sacrifice pour la cause du Christ, sans souffrance, sans angoisse, au milieu des bénédictions du monde ! Et bien : lui seul peut sauver dans les plus modestes sentiers de la vie et dans les temps les plus paisibles. Nous avons assez à faire, bien plus que nous ne faisons, dans nos propres vie quotidienne. Efforçons-nous d’être plus humbles, plus fidèles, plus miséricordieux, plus doux, plus détachés de nous-mêmes. C’est à coup sûr un pauvre martyre ; pourtant, Dieu l’accepte dans l’amour de son fils.