1. « Catholique » est le terme existant depuis toujours. Il est aujourd’hui encore celui, non seulement du catholicisme, mais de l’Orthodoxie, – et d’autres Églises le revendiquent également. Il fut d’abord, aussi bien, celui des confessions protestantes : celles-ci ne le changèrent qu’assez tard en « universelle », afin de se particulariser. L’occasion serait bonne pour elles, dans un esprit œucuménique, de reprendre le mot de tous.
2. Sans doute, étymologiquement, « universel » correspond bien à « catholique », mais n’a plus du tout ce sens dans le français moderne. Il n’évoque plus du tout ce mouvement de concentration des diverses – formant ainsi vraiment un tout – vers l’un, ou dans l’un. D’autre part « catholique » comporte d’abord un sens actif ( « universalisant », « rassemblant », « unifiant »), au lieu qu’ « universel » est passif, inorganique et statique.
3. Par le fait même, « Église universelle » suggère une Église sans structure, invisible, partout diffuse, – à la manière de la première ecclésiologie luthérienne, que l’ensemble des théologiens, même prostestants, estiment à juste titre être inconsistante et fausse.
4. D’avantage : par une extention assez incompréhensible, ce mot suggère un « universalisme » religieux d’après lequel tous les hommes religieux du monde formeraient secrètement une vaste communauté, les questions d’organisation, de discipline, et même de croyance important peu. La foi chrétienne serait alors totalement évacuée. – Or, cela ne constitue pas seulement une conséquence logique et une menace. C’est un fait avéré : tel est bien le sens fréquement donné à l’universalisme dans le langage d’aujourd’hui.
Conclusion : Celui qui, aujourd’hui, chercherait à imposer cette nouvelle traduction, encourrait une grave responsabilité. Il ne tendrait sans doute pas à répandre l’hérésie, car il est possible de donner au mot un sens acceptable ; cependant, il précipiterait la ruine du sens de l’Église et de la foi chrétienne elle-même en nombre d’esprits. Il contribuerait à accélérer le mouvement de désintégration qui est l’un des aspects majeurs de la crise actuelle.
N.B. : La proposition de conserver « catholique » au credo de Nicée-Constantinople, tout en adoptant « universelle » pour le symbole des Apôtres, offre une solution doublement illusoire. En effet :
- Dans le credo de Nicée-Constantinople, l’épithète « apostolique » peut jusqu’à un certain point remédier à l’absence de « catholique » : il n’en va point de même pour le symbole des Apôtres.
- C’est le symbole des Apôtres que l’immense majorité des fidèles connaît seul vraiment (et l’on n’ignore pas que plusieurs voudraient lui faire supplanter complètement celui de Nicée-Constantinople dans la liturgie).