Pour grandir, l’être humain a besoin d’eau et de pain. S’il ne mange pas, il meurt. Et pour croître spirituellement, il lui faut, comme à la plante, du soleil, de l’eau, de l’air et une terre. La terre représente la communauté : c’est le milieu de vie, le lieu où la plante est née, où elle s’enracine, grandit, donne des fruits et meurt pour que d’autre vivent.
Dans la parabole du semeur, Jésus dit que parfois on accueille avec joie la parole du Royaume, mais qu’après quelque temps, cette parole est étouffée par les tribulations et les difficultés, par les soucis du monde et la séduction des richesses.
Notre personne humaine est tissée de contradictions. Une partie en elle est attirée par la lumière, par Dieu, et veut se mettre au service des frères et sœurs ; une autre partie veut la jouissance, les possessions, la domination ou le succès ; elle veut être entourée et approuvée par des amis, sous peine de devenir triste, dépressive ou agressive.
L’être humain est si profondément divisé que, s’il se trouve dans un milieu qui le porte vers la lumière et le souci des autres, il marchera dans cette direction ; si au contraire, il est dans un milieu qui se moque de ces réalités et stimule ses désirs de puissance et de plaisir il reflétera ce milieu. Tant qu’il n’est pas déterminé dans ses motivations profondes, tant qu’il n’a pas choisi son peuple et le lieu de sa croissance, il restera une girouette, un être faible, sans consistance et influençable.
La communauté est à l’image des personnes qui la composent. Il y a en elle des énergies fondées sur l’espérance, mais il y a aussi un monde de lassitude, de recherche de sécurité, de peur d’avancer ou d’évoluer vers une maturité d’amour plus grande et d’assumer des responsabilités ; il y a souvent une crainte de mourir à ses petits intérêts personnels.
Pour avancer dans ce voyage vers l’unité, vers un rayonnement plus grand de justice et de vérité, la personne comme la communauté ont besoin d’une nourriture vraie. Sans cette nourriture, les énergies d’espérance dépériront et feront place à des désirs de plaisir et de confort, à une lassitude dépressive, ou à des agressivités, ou à des attitudes légalistes et administratives.
La culture des sociétés riches incite les gens à un mode de vie fait de confort et de plaisir. Les valeurs de la richesse, du pouvoir et du plaisir sont séduisantes. Mais les valeurs de l’Évangile nous appellent à aimer, et à aimer même nos ennemis ; à être présents aux pauvres, et à vivre pauvrement, en mettant notre confiance en Dieu ; à être des artisans de paix dans un monde de guerre. Pour être capables de vivre ces valeurs, nous avons besoin d’une énergie nouvelle, d’une force intérieure. Cette énergie et cette force viennent du Saint-Esprit. Si nous nous coupons de cette énergie, si nous ne nourrissons pas la vie de l’Esprit en nous, nous mourrons à ces valeurs. Nous serons dominés par d’autres forces qui nous mèneront au confort, à la sécurité, au pouvoir et au plaisir.