Le ciel, les astres, la terre, les fleuves, le jour, la nuit, et toutes choses soumises au pouvoir et au service des hommes, se félicitent d’avoir perdu leur gloire, ô Dame, puisque tu les as en quelque sorte ressuscités et, par une grâce ineffable, rénovés. Car toutes étaient comme mortes : ayant perdu leur dignité congénitale [qui était] de favoriser la domination ou les usages de ceux qui louaient Dieu – ce vers quoi elles avaient été faites -, elles étaient accablées par l’oppression, flétries par l’usage de ceux qui servaient les idoles – ce pourquoi elles n’avaient pas été faites. Mais ces mêmes choses, comme ressuscitées, sont dans la liesse dès qu’elle sont régies par la domination, embellies par l’usage de ceux qui confessent Dieu. Elles ont comme exulté d’une grâce nouvelle et inestimable quand [ce fut] Dieu lui-même, leur Créateur lui-même, qu’elles ont non seulement senti, au-dessus d’elles les régir invisiblement, mais encore vu, parmi elles, les sanctifier visiblement en usant d’elles. C’est par le fruit béni des entrailles bénies de Marie bénie que ces biens si grands sont provenus pour le monde.
[…] Par la plénitude de ta grâce, en effet, ceux qui étaient en enfer sont en liesse, libérés, et ceux qui sont au-dessus du monde se réjouissent, restaurés. Par le même glorieux Fils de ta glorieuse virginité, assurément, tous les justes décédés avant sa vitale mort [1] exultent d’être arrachés à leur captivité, et tous les anges se félicitent de la restitution de leur cité à demi ruinée.
[…] Ô femme pleine et plus que pleine de grâce, [tu fais] reverdir toute créature aspergée par la surabondance de sa plénitude ! Ô Vierge bénie, et plus que bénie, par ta bénédiction toute nature est bénie, non seulement la [nature] créée par le Créateur mais aussi le Créateur par la créature !
[…] Toute nature a été créée par Dieu, et Dieu est né de Marie. Dieu a créé toutes choses, et Marie a engendré Dieu. Dieu a fait toutes choses et Lui-même s’est fait de Marie et [Lui-même] a ainsi refait toutes choses qu’Il avait faites. Celui qui a pu faire toutes choses de rien n’a pas voulu refaire ces choses violées sans se faire d’abord Fils de Marie. Dieu est donc le Père des choses créées, et Marie la Mère des choses recréés. Dieu est le Père de la construction de toutes choses, et Marie la Mère de restitution de toutes. Car Dieu a engendré celui par qui toutes choses ont été faites (Jn 1, 3a), et Marie enfanté celui par qui toutes ont été sauvées. Dieu a engendré celui sans qui n’est absolument rien (Jn 1, 3b), et Marie enfanté celui sans qui rien n’est tout a fait bien. Oh ! vraiment « le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28), [toi] à qui le Seigneur a donné que toute nature ne doive qu’à toi d’être avec Lui !
[1] On peut traduire de préférence par : « mort vivifiante » ante vitalem eius mortem (Livre des jours, 1976, p. 1665).