Tête et corps : un seul Tout, le Christ unique. D’un seul Dieu au ciel, et sur terre d’une mère unique. Beaucoup de fils et pourtant un seul. Et tout de même que Tête et membres sont un seul fils et plus d’un, ainsi Marie et l’Épglise sont une seule mère et plus d’une, une seule vierge et plus d’une.
L’une et l’autre mère, l’une et l’autre vierge. L’une et l’autre conçoit du même Esprit sans attrait charnel. L’une et l’autre donne sans péché au Dieu Père une postérité : Marie, sans aucun péché, fournit au corps sa Tête ; l’Église, dans la rémission de tous ses péchés, donne à cette Tête son corps. L’une et l’autre est mère du Christ : mais aucune des deux ne l’enfante tout entier sans l’autre.
Aussi, dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit universellement de cette vierge qu’est l’Église, l’est aussi de Marie singulièrement ; et ce qui est dit d’une façon spéciale de Marie vierge mère, s’étend à droit en un sens général à l’Église vierge mère : en sorte que, lorsqu’on entreprend de parler de l’une ou de l’autre, ce qu’on en dit s’applique à l’une et à l’autre presque indéféremment et d’une façon mêlée.
Chaque âme, fidèle aussi, est épouse du Verbe de Dieu, mère, fille et sœur du Christ. Chaque âme fidèle doit être dite vierge et féconde.
La même chose est donc dite universellement pour l’Église, spécialement pour Marie, singulièrement pour l’âme fidèle : et c’est la Sagesse de Dieu elle-même qui le dit, elle qui est le Verbe, la Parole du Père […].
Il est dit encore : « Et je demeurerai dans l’héritage du Seigneur ». Car l’héritage du Seigneur, au sens universel, c’est l’Église ; au sens spécial, c’est Marie ; au sens singulier, chaque âme fidèle.
Dans le tabernacle du sein de Marie, le Christ est demeuré neuf mois. Dans le tabernacle de la foi de l’Église, il demeure jusqu’à la consommation du siècle. Dans la connaissance et l’amour de l’âme fidèle, il demeurera dans les siècles des siècles.