De quelles louanges vous comblerons-nous, Marie ? Ô pucelle immaculée, ô Vierge sans souillure, ô toute belle adolescente, ô gloire des femmes, ô parure des jeunes filles ! Ô Mère, Vierge sainte, vous êtes bénie entre les femmes ; vous êtes célébrée pour votre innocence ; vous êtes marquée du sceau de la virginité. Vous expiez la malédiction d’Adam, vous payez la dette d’Ève. Vous êtes d’Abel la très pure oblation, choisie parmi les premiers-nés, le sacrifice sans tache. Vous êtes d’Énos l’espoir en Dieu, non confondu ; vous êtes la grâce d’Énoch et son passage à une vie assurée. Vous êtes l’arche de Noé et la réconciliation avec Dieu par une seconde naissance. Vous êtes l’éclat lumineux de la royauté et du sacerdoce de Melchisédech; vous êtes la foi d’Abraham et sa confiance docile en la promesse d’une descendance à venir. Vous êtes le cantique nouveau et l’holocauste spirituel d’Isaac ; vous êtes à Jacob la cause de son ascension sur l’échelle et le sceau d’une fécondité d’où naissent les douze tribus. Vous avez paru fille de Juda par le sang ; vous êtes la chasteté de Joseph et la ruine de l’antique Égypte, c’est-à-dire de la Synagogue juive, ô Immaculée. Vous êtes le livre conçu par Dieu de Moïse le législateur, où fut inscrit le mystère de la régénération décrétée par la loi gravée sur les tables comme au mont Sinaï, en qui le nouvel Israël sera libéré de la servitude des Égyptiens spirituels, de même que l’ancien peuple fut dans le désert rassasié de la manne et de l’eau jaillie de la pierre : « or la pierre c’était le Christ » (1 Co 10, 4), qui devait sortir de votre sein, « comme un époux de sa chambre nuptiale » (Ps 18, 6). Vous êtes la verge fleurie d’Aaron ; vous êtes la fille de David parée de vêtements frangés d’or aux teintes variées (cf. Ps 44, 10). Vous êtes le miroir des prophètes et l’aboutissement de leurs oracles. C’est vous qu’Ézéchiel prophétisant appelle une porte close par laquelle ne passera jamais aucun homme, sinon le seul Seigneur Dieu qui gardera close cette porte (cf. Ez 44, 2.3). C’est vous qu’Isaïe, le plus éloquent de tous, annonce comme la tige de Jessé, d’où sortira une fleur, le Christ, qui, arrachant jusqu’à la racine la pousse des vices, ensemencera la terre de la connaissance de Dieu (cf. Is 11, 1). C’est vous qu’annonça Jérémie lorsqu’il disait : « Voici le jour, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda l’alliance nouvelle, que j’avais passée avec leurs pères » (Jer 31, 31), signifiant ainsi l’avènement et la naissance de votre Fils, et appelant le peuple des Gentils à adorer Dieu d’une extrémité à l’autre de la terre. C’est vous encore que Daniel, l’homme des désirs (cf. Dn 10, 11), a déclaré une haute montagne, d’où le Christ, pierre angulaire, sera détaché pour ruiner et détruire l’image du serpent multiforme (Dn 2, 34). En vous j’honore la brebis immaculée, je vous proclame pleine de grâce, je chante la demeure pure et immaculée de Dieu. Et certes « où la faute a abondé, a surabondé la grâce » (Rm 5, 20). Par une femme nous avons mérité la mort, par une femme aussi le Fils restaurera toutes choses. Par le serpent nous avons reçu un mets d’une amère saveur, mais par le Fils nous mangeons un aliment d’immortalité. Notre première mère Ève a donné le jour à Caïn, le prince de l’envie et de la malice : votre Fils Unique sera le premier-né de la vie et de la résurrection. Ô prodige inouï ! Ô merveilleuse nouveauté ! Ô indicible sagesse !
Quant à nous, peuple de Dieu, race sainte, peuple élu (cf. Tite 2, 14), fils de la colombe, enfants de la grâce, en cette festivité de la Vierge, chantons hautement des hymnes suaves avec une âme pure, des lèvres sans souillure, une langue vibrante. Célébrant comme il convient cette fête, grande et joyeuse pour les anges, très digne de la louange des hommes, clamons ensemble avec respect et sainte joie ce salut de Gabriel :
Salut, délices du Père, par qui la connaissance de Dieu s’est répandue jusqu’aux confins de la terre,
Salut, demeure du Fils, d’où il est sorti, revêtu de la chair,
Salut, ineffable résidence du Saint-Esprit.
Salut, plus sainte que les Chérubins, plus glorieuse que les Séraphins,
Salut, plus vaste que le ciel,
Salut, plus resplendissante que le soleil,
Salut, plus lumineuse que la lune,
Salut, éclat multiple des astres,
Salut, nuée légère, qui répandez une pluie céleste,
Salut, brise sainte, qui avec chassé de la terre le vent de la malice,
Salut, noble prédication des prophètes,
Salut, voix des apôtres, entendue à travers toute la terre,
Salut, confession excellente des martyrs,
Salut, vous, maintes fois célébrée par les louanges des patriarches,
Salut, parure suprême des saints,
Salut, principe universel du salut,
Salut, reine, protectrice de la paix,
Salut, splendeur immaculée des mères. Salut, médiatrice de tout ce qui est sous le ciel ; salut, vous qui restaurez le monde entier.
Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, qui est avant vous et de vous et avec nous.
À lui soit louange avec le Père et l’Esprit très Saint, bienfaisant et vivifiant, maintenant et toujours dans l’infinité des siècles des siècles. Amen.