Quelle sera ma joie, mon Dieu, quelle sera mon allégresse, quelle sera ma jubilation, lorsque tu me dévoileras la beauté de ta divinité et que mon âme te verra face à face ?… Alors, toi mon âme, « tu verras et tu seras dans l’abondance, ton cœur sera dans l’émerveillement et se dilatera, lorsque tu recevras la multitude des richesses », des délices, et la magnificence de la gloire « de cette mer » immense de la Trinité digne à jamais d’adoration ; lorsque « viendra à toi la puissance des nations » que « le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » (Is 60, 5 ; 1 Tm 6, 15), par la force de son bras, a repris pour lui de la main de l’ennemi ; lorsque l’inondation de la miséricorde et de la charité divine te couvrira…
Alors la coupe de la vision te sera présentée et tu t’enivreras (Ps 22, 5 Vulg) -– c’est la coupe enivrante et sublime de la gloire du visage divin. Tu boiras « au torrent des délices » (Ps 35, 9) de Dieu quand la source même de la lumière te comblera éternellement de sa plénitude. Alors tu verras les cieux tout remplis de la gloire du Dieu qui les habite, et cet Astre virginal qui, après Dieu, illumine tout le ciel de sa très pure lumière [Marie], et les œuvres admirables des doigts de Dieu [les saints : Gn 2, 7] et « ces étoiles du matin » qui toujours se tiennent devant la face de Dieu avec tant de joie et qui le servent [les anges : Jb 38, 7 ; Tb 12, 15].
Dieu de mon cœur et mon héritage de choix (Ps 72, 26), hélas, combien de temps encore mon âme sera-t-elle frustrée de la présence de ton très doux visage ?… De grâce, fais-moi vite parvenir à toi, Dieu « source de vie » (Ps 36, 10), afin qu’en toi je puise la vie éternelle pour toujours. Bien vite « fais luire sur moi ta face » (Ps 30, 17) afin que dans la joie je te voie face à face. Vite, oh, vite, montre-toi toi-même à moi, afin que je me réjouisse de toi, dans le bonheur, éternellement.