Saint Paul, explique dans ce texte l’origine, le développement et but de l’Écriture Sainte qui est appelée théologie. Il est le docteur des nations, le grand prédicateur de vérité. Il était rempli de l’Esprit Saint, comme un vase choisi par Dieu et sanctifié. Il explique que l’origine de l’Écriture Sainte est dans l’efficacité de la Sainte Trinité, que son développement est adapté au mode de la réception humaine, que son but ou son fruit consiste dans la surabondance de la béatitude.
L’origine de l’Écriture Sainte ne se trouve pas dans une vertu humaine, mais dans la parole de Dieu qui provient du Père de la vérité, de qui s’origine toute paternité au ciel et sur terre. Du Père, par son Fils Jésus-Christ est communiqué en nous l’Esprit Saint. C’est par l’Esprit Saint qui donne sa grâce à chacun selon son bon vouloir que la foi nous est donnée. Par cette foi, le Christ habite en nos cœurs. Et c’est de cette connaissance de Jésus-Christ que découle telle une source, l’intelligence solide de toute l’Écriture Sainte.
En conséquence, il est impossible d’entrer dans la connaissance de l’Écriture Sainte sans cette foi venant du Christ. Cette foi peut être comparée à la lumière, la porte et aussi au fondement de toute intelligence de l’Écriture Sainte. Aussi longtemps que nous vivons ici-bas loin du Seigneur, cette foi est le fondement stable, la lumière directrice et la porte d’entrée dans toutes les lumières concernant la vie surnaturelles. Selon la mesure de cette foi, doit être mesurée la sagesse qui nous est donnée par Dieu, afin de ne pas goûter plus qu’on ne doit, mais de goûter avec sobriété et selon la mesure de foi que Dieu départit à chacun. Par la médiation de cette foi, la connaissance de l’Écriture Sainte nous est donnée selon l’influence de la bienheureuse Trinité, comme l’indique expressément l’Apôtre dans la première partie du texte cité.
Le développement de l’Écriture Sainte n’est pas enfermé dans les lois des raisonnements, des définitions et des divisions selon les règles des autres sciences, il n’est pas non plus restreint à une partie de l’universalité. Bien plutôt, puisque l’Écriture Sainte procède selon une lumière surnaturelle pour donner à l’homme ici-bas une connaissance suffisante des choses, comme l’exige son salut, tantôt par des paroles claires, tantôt par des paroles mystérieuses, elle décrit le contenu de tout l’univers comme dans une somme, et par là nous comprenons sa largeur ; elle en décrit le déroule ment, et par là nous comprenons sa longueur ; elle décrit l’excellence de ceux qui seront finalement sauvés, et par là nous comprenons sa hauteur ; elle décrit enfin la misère de ceux qui seront damnés, en cela consiste la profondeur, non seulement de cet univers, mais aussi du jugement divin.
La sainte Écriture décrit ainsi tout l’univers dans la mesure où cette connaissance est utile au salut, selon sa largeur, sa longueur, sa hauteur et sa profondeur. Elle garde encore elle-même dans son développement, ces quatre dimensions, comme on l’expliquera plus loin, car ainsi l’exigeait le caractère de la capacité humaine. Celle-ci, par nature, saisit magnifiquement et d’une façon multiple de grandes et nombreuses choses, à la façon d’un miroir parfait dans lequel l’universalité des choses du monde est destinée à être décrite dans l’ordre naturel comme dans l’ordre surnaturel. Ainsi, le développement de l’Écriture Sainte doit s’accorder à l’exigence de la capacité humaine.
L’aboutissement ou le fruit de l’Écriture Sainte n’est pas quelconque, ç’est la plénitude de l’éternelle félicité. Car elle est l’Écriture Sainte dans laquelle sont les paroles de la vie éternelle, elle est donc écrite, non seulement pour que nous croyions, mais aussi pour que nous possédions la vie éternelle dans laquelle nous verrons, nous aimerons et où nos désirs seront universellement comblés. Alors, nos désirs étant comblés, nous connaîtrons vraiment la charité qui surpasse la connaissance et ainsi nous serons remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. C’est à cette plénitude que la divine Écriture Sainte s’efforce de nous introduire selon le sens vrai du texte de l’Apôtre. C’est donc en vue de cette fin, c’est dans cette intention que l’Écriture Sainte doit être étudiée, enseignée et entendue.
Pour que nous parvenions à ce fruit et à ce terme directement en progressant par la route droite des Écriture Saintes, il faut commencer par le commencement, c’est-à-dire, accéder d’une foi pure au Père des lumières, en fléchissant les genoux de notre cœur, afin que par son Fils dans son Saint Esprit, il nous donne la vraie connaissance de Jésus-Christ et, avec sa connaissance, son amour. Le connaissant et l’aimant et comme consolidés dans la foi et enracinés dans la charité, il nous sera alors possible de connaître la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur de l’Écriture Sainte et, par cette connaissance, de parvenir à la connaissance entière et à l’amour extatique de la bienheureuse Trinité. Là tendent les désirs des saints, là se trouvent l’aboutissement et l’achèvement de tout vrai et de tout bien.
Après avoir désiré et recherché la fin de l’Écriture Sainte, après avoir cru et invoqué le principe, il faut en considérer le développement dans sa largeur, sa longueur, sa hauteur et sa profondeur, selon la voie et l’ordre que nous enseigne l’Apôtre. Sa largeur consiste dans la multitude de ses parties, sa longueur dans la description des temps et des âges, sa hauteur dans la description des hiérarchies graduellement ordonnées, sa profondeur dans la diversité des sens mystiques et des interprétations.