Mes frères, préparons-nous à accueillir le jour de la naissance du Seigneur en nous parant de vêtements éclatants de blancheur. Je parle de ceux qui habillent l’âme, non le corps. Le vêtement de la chair est une vile tunique. Mais c’est le corps, objet précieux, qui habille l’âme. Le vêtement de la première est tissé par des mains humaines, celui de la seconde est l’œuvre de Dieu. C’est pourquoi il faut veiller avec bien plus de sollicitude à préserver de toute tache l’œuvre de Dieu qu’à garder immaculés les tissus des hommes.
Si notre vêtement corporel est taché, un dégraisseur peut, moyennant finances, le remettre en état. Mais s’il s’agit du vêtement de notre âme, fut-il taché d’une seule souillure, il n’est blanchi que laborieusement et à force de soins appropriés. La main de l’artisan ne lui est alors d’aucun secours pas plus que le travail du foulon. L’eau n’a aucun pouvoir de purifier la conscience ; une fois souillée, elle ne parvient pas à la purifier.
Tels sont les précieux habits de l’âme, ceux que l’évangéliste Marc note avec admiration sur la personne du Sauveur lorsqu’il écrit : Ses vêtements devinrent éclatants de blancheur comme la neige à un degré que nul foulon sur terre ne pourrait atteindre (Mc 9, 3). Le vêtement du Christ est donc loué, pour sa qualité non de tissu, mais de grâce. Il est admiré non pour la finesse de sa trame, mais pour la pureté inviolée du corps en lequel il fut conçu ; il est célébré non pour l’art avec lequel l’aurait tissé une main féminine, mais pour la virginité que conserva Marie en lui donnant naissance. Et c’est pourquoi la grâce de sa pureté de neige est magnifiée : elle ne lui a pas été conférée par l’œuvre d’un artisan : pureté telle, dit l’évangéliste, que nul foulon sur terre ne pourrait l’obtenir. Un foulon, en effet, peut donner l’éclat, la propreté, la blancheur immaculée, mais il ne peut conférer la virginité, la justice, la bonté…
Mes frères, à la veille de la Nativité du Seigneur, purifions notre conscience de toute souillure. Présentons-nous, non revêtus de soie, mais plutôt d’œuvres de valeur. Des vêtements magnifiques peuvent recouvrir nos membres, mais ils n’ont pas le pouvoir du purifier notre conscience… Il n’est d’aucune utilité d’avoir des vêtements somptueux si nous pourrissons sous les vices. Quand la conscience est dans les ténèbres, tout le corps l’est avec elle. Mais nous avons de quoi laver les taches de notre conscience. Il est écrit en effet : Donnez l’aumône et tout en vous sera purifié (Lc 11, 41). Bienfaisant commandement que celui de l’aumône grâce à laquelle, par une œuvre de nos mains, nous purifions notre cœur.