Femmes, soyez soumises à vos maris, comme c’est raisonnable, en ce qui est selon Dieu (Col 3, 18-19).
C’est-à-dire, soyez soumises à vos maris, pour obéir à Dieu, car cette soumission est votre parure. Il ne s’agit point en effet ici de cette soumission que l’on doit à un maître. Il ne s’agit pas seulement d’une soumission commandée par la nature, mais d’une soumission agréable à Dieu.
Maris, aimez vos femmes, et ne les traitez point avec rigueur (Col 3, 19).
Voyez comme les devoirs réciproques sont ici bien marqués. [Saint Paul] place de part et d’autre l’amour à côté de la crainte ; car celui qui aime pourrait, malgré cela, se montrer acerbe. Voici donc ce qu’il veut dire : « qu’il ne s’élève point de contestations entre vous ». Car il n’y a rien de plus amer que ces contestations qui ont lieu entre mari et femme. Il n’y a rien de plus aigre que ces disputes qui surgissent entre personnes qui s’aiment. Car cette révolte du corps contre ses propres membres est la preuve d’une grande animosité.
Aimer est le devoir de l’homme, obéir est celui de la femme. Si chacun met du sien, l’union entre les deux époux est ferme et stable. La tendresse du mari fait naître dans le cœur de la femme la sympathie et l’amour ; la soumission de la femme fait de l’homme un mari doux et clément. Et remarquez que la nature aussi a fait l’homme pour la tendresse, la femme pour la soumission. Quand l’être qui commande aime l’être qui obéit, tout va bien. Et le sentiment de la tendresse est plus impérieusement exigé de celui qui commande que de celui qui obéit. Car, à ce dernier, ce que l’on demande surtout, c’est la soumission. Cette beauté qui est l’apanage de la femme, ces désirs naturels à l’homme ne montrent qu’une chose, c’est que tout cela est arrangé pour inspirer à l’homme l’attachement. N’abusez donc pas, ô maris, de la soumission de vos femmes pour vous montrer insolents ; et vous, femmes, ne vous montrez pas vaines de l’amour de vos maris. Que la tendresse de l’homme ne soit point pour la femme un sujet d’orgueil, que la soumission de la femme ne soit point pour l’homme un motif de vanité. Si Dieu veut que la femme vous soit soumise, ô homme, c’est pour que vous l’aimiez davantage ; si Dieu veut que l’homme vous aime, ô femme, c’est pour alléger votre joug. Ce joug, ne le craignez pas : être soumis à celui qui vous aime est une situation qui n’a rien de pénible. Et vous, homme, ne craignez pas d’aimer : votre femme vous est soumise. La nature vous a donné une autorité nécessaire ; joignez-y le lien de la tendresse qui fait pardonner aux faibles.