Aujourd’hui, mes frères, c’est pour entendre la Parole de Dieu faite homme que vous vous êtes réunis. Voici que Dieu nous prépare mieux : aujourd’hui, il nous est donné non seulement d’entendre mais de voir la Parole de Dieu. Nous la verrons, si nous allons à Bethléem voir cette parole, cette nouvelle que le Seigneur a accomplie et qu’il nous montre… Il est plus difficile de croire ce qu’on entend sans le voir… Ainsi Dieu, qui s’accommode à notre faiblesse, après avoir rendu la Parole audible, la rend visible et même palpable aujourd’hui. Ainsi les premiers témoins du mystère ont pu affirmer :
Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons » (1Jn 1,1)…
S’il y a parmi nous quelque frère qui soit encore lent à croire, je ne veux pas lui fatiguer les oreilles plus longtemps de ma parole sans valeur. Qu’il aille lui aussi à Bethléem ! Qu’il contemple de ses yeux celui que les anges désirent voir (1P 1,12) : le Verbe de Dieu que le Seigneur nous montre. La Parole de Dieu « vivante et efficace » (He 4,12) repose dans une mangeoire. Si la foi éclaire l’œil qui contemple, y a-t-il un spectacle plus admirable ?… C’est une parole « fidèle et digne de toute confiance » (1Tm 1,15) que ta Parole toute-puissante, Seigneur. Descendue en une telle profondeur de silence, du haut de ta demeure royale (Sg 18,14-15), jusque dans une mangeoire, ta Parole nous parle mieux pour l’instant par son silence même…
Frères, vous aussi, vous trouverez aujourd’hui l’enfant, la Parole silencieuse, enveloppée de langes, posée sur la crèche de l’autel. Que la banalité de l’enveloppe ne trouble pas le regard de votre foi lorsque vous contemplerez le corps adorable sous les espèces du sacrement. Tout comme Marie l’a langé autrefois, la grâce et la sagesse de Dieu enveloppent encore aujourd’hui la majesté cachée de la Parole de Dieu.