Personne ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
Prenons-nous la mesure des implications d’une telle affirmation, dans notre monde qui se désintéresse chaque jour davantage du Christ des Évangiles pour se tourner vers les mille et une idoles de notre temps ?
Dieu visite son peuple pour se révéler en se donnant à lui, et celui-ci se détourne de lui avec indifférence, lassitude et ennui. Bien plus, on lui ouvre un procès : ce Jésus n’était en fait qu’un zélote qui a mal tourné et dont Paul a fait un fondateur de religion ; ou un Avatar annonçant l’entrée dans l’ère du Verseau…
Solitude infinie de Jésus : « Voici ce Cœur qui a tant aimé le monde, et qui ne reçoit en échange, qu’ingratitude et mépris ». Cette douce plainte du Cœur de Dieu recueillie par Sainte Marguerite Alacoque, résonne tout au long de l’histoire et nous atteint de plein fouet en ce début de troisième millénaire.
On attendait Dieu dans le faste, l’éclat, la gloire, la puissance ; il est venu dans la discrétion, l’humilité, la pauvreté, la petitesse, la douceur. « Le Verbe était dans le monde, et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 10-11). Pourtant inlassablement il appelle : « Venez à moi, et moi je vous procurerai le repos ». Aucune colère devant nos abandons répétés, aucun ressentiment pour nos indifférences : il nous propose son aide, nous invite au repos, nous exhorte à la confiance : « Devenez mes disciples et vous trouverez le repos ».
Qui peut comprendre une telle folie ? Ni « les sages ni les savants », mais les « tout-petits », car c’est à eux que le Père a révélé ce mystère. Mais comment faire pour devenir « tout-petit » ? La réponse de Jésus est claire : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau » : venir à lui tel que nous sommes. Nous demandons souvent pourquoi le Seigneur permet telle ou telle épreuve dont le poids nous écrase ; peut-être espère-t-il qu’à travers elle s’ouvrira pour nous un chemin de conversion libératrice, qui nous conduira à nous détourner des sirènes de ce monde pour nous tourner vers le Dieu humble et caché, qui n’attend qu’un geste de notre part pour faire de nous ses fils adoptifs et ses héritiers.
« Tout m’a été confié par mon Père ». Mais les hommes trouvent les dons de Dieu dérisoires. Pourtant, depuis que le Verbe s’est fait chair, l’Amour s’est fait Cœur ; bien plus : Dieu continue à nous dire son amour à chaque battement de son Cœur eucharistique dans tous les tabernacles du monde.
S’il est une urgence de justice, c’est bien de rendre à Dieu amour pour amour et de lui témoigner notre gratitude par nos « visites au Saint Sacrement » où il nous attend comme l’Epoux attend l’Épouse.
Et s’il est une urgence de la charité envers nos frères, n’est-ce pas d’intercéder auprès de notre Sauveur, pour tous les pécheurs qui méconnaissent le don de Dieu et refusent d’emprunter le chemin de la miséricorde ?
Demandons au Seigneur la grâce de nous choisir parmi les disciples de son Sacré Cœur, en compagnie de Sainte Marguerite-Marie, Saint Claude de la Colombière, Saint Jean Eudes, Sainte Faustine, Saint Thérèse de l’Enfant Jésus et tant d’autres, qui sauront nous enseigner les voies par lesquelles nous pourrons être la joie et la consolation de notre Dieu et Seigneur bien-aimé, en devenant ces « tout-petits » qu’il désire tant combler.
Seigneur, enfermez-moi au plus profond des entrailles de votre Cœur. Et quand vous m’y tiendrez, brûlez-moi, purifiez-moi, enflammez-moi, sublimez-moi jusqu’à la satisfaction parfaite de vos goûts, jusqu’à la plus complète annihilation de moi-même. Amen.