Quand par delà la camaraderie et l’amitié, l’homme en amour perce l’intimité de la femme, il est ravi. Il voit des yeux qui l’admirent, des lèvres qui l’invitent, des seins qui le captivent, des hanches qui l’hypnotisent et qui entourent un jardin de délices. Il s’écrie, comme Adam, dans un tremblement de joie : « Voilà la chair de ma chair, l’os de mes os » (Gn 2, 23). Tout son être frémit du désir d’enlacer et de s’adjoindre le corps, le cœur et l’esprit de la femme. – N’est-ce pas ainsi que cela s’est passé ? Quelle épouse ne se souvient des services de son chevalier ardent et de l’ardeur de son chevalier servant ?
Quand, de son côté, la femme perçoit qu’elle est découverte, quand elle lit la joie dans le regard de son homme, quand elle en est l’envoûtement, elle désire baigner dans son attention, être entourée de sa présence et finalement être remplie de lui. Comme Ève, la femme devient belle et se tait. Elle se tait pour permettre à son homme de lui chanter les louanges de la bien-aimée. – L’époux se souvient de l’attention et de l’importance que lui prêtait sa princesse. Elle se faisait belle… pour lui […].
L’homme, avide de sa fiancée, brûle d’envie de ravir sa chair avant même d’en faire partie. Il souhaite la posséder sans songer à se donner. Et il éprouve une souffrance aiguë de se priver des joies d’aimer avant d’avoir su faire le don de son amour. – Cette souffrance est tellement puissante qu’une culture profane la considère insupportable et lui préfère la profanation de la personne aimée.
De son côté, la femme est avide de plaire à celui qui monte à son assaut et craintive de perdre son attention. Aussi éprouve-t-elle l’envie de divorcer en elle la générosité de vie qu’elle lui offre, de l’accueil qu’elle lui fait. Elle serait prête, ou presque, à se couper en deux pour qu’au moins la moitié d’elle-même soit appréciée, oubliant qu’un cœur qui n’est pas entier n’est pas du tout. – Cette obsession est tellement envahissante qu’une culture profane accepte et promeut le mépris du rythme d’aimer de la femme, qui est le mépris de l’amour au féminin.