Ma visite [à cette synagogue] aujourd’hui veut être une contribution décisive à la consolidation des bons rapports entre nos deux communautés […]. Parmi les multiples richesses de la déclaration du concile Vatican II Nostra aetate […], le premier est que l’Église du Christ découvre son lien avec le judaïsme « en scrutant son propre mystère ». La religion juive ne nous est pas extrinsèque mais, d’une certaine manière, elle est intrinsèque à notre religion. Nous avons donc envers elle des rapports que nous n’avons avec aucune autre religion. Vous êtes nos frères préférés et, d’une certaine manière, on pourrait dire nos frères aînés […].
La route que nous avons commencée n’est encore qu’à ses débuts : il faudra encore pas mal de temps […] pour supprimer toute forme, même inconsciente, de préjugé […] et pour présenter […] le vrai visage des juifs et du judaïsme, comme aussi des chrétiens et du christianisme […]. Il n’échappe à personne que la divergence fondamentale depuis les origines est notre adhésion, à nous chrétiens, à la personne et à l’enseignement de Jésus de Nazareth, fils de votre peuple, dont sont issus aussi la Vierge Marie, les apôtres, « fondements et colonnes de l’Église » (cf. Ga 2, 9), et la majorité des membres de la première communauté chrétienne […]. Il faut dire ensuite que les voies ouvertes à notre collaboration, à la lumière de l’héritage commun tiré de la Loi et des prophètes sont diverses et importantes […] : avant tout une collaboration en faveur de l’homme […], de sa dignité, de sa liberté, de ses droits, dans une société […] où règne la justice et où […] ce soit la paix qui règne, ce shalom souhaité par les législateurs, par les prophètes et par les sages d’Israël […].
De ma visite, et de la concorde et de la sérénité auxquelles nous sommes arrivés, que naisse, comme le fleuve qu’Ézéchiel a vu sortir de la porte orientale du Temple de Jérusalem (Ez 47, 1s), une source fraîche et bienfaisante qui aide à guérir les plaies dont souffre notre ville de Rome. En faisant cela, nous serons fidèles à nos engagements respectifs les plus sacrés mais aussi à ce qui nous unit et nous rassemble le plus profondément : la foi en un seul Dieu qui « aime l’étranger » et « rend justice à l’orphelin et à la veuve », nous efforçant de les aimer et de les secourir (Dt 10, 18 ; Lv 19, 18.34). Les chrétiens ont appris cette volonté du Seigneur de la Torah, que vous vénérez ici, et de Jésus qui a porté jusqu’à ses extrêmes conséquences l’amour demandé par la Torah.