« Les soldats vinrent donc et rompirent les jambes de ceux qu’on avait crucifiés avec lui ; et, s’approchant de Jésus, quand ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes, mais un des soldats lui ouvrit le côté d’un coup de lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau » (Jn 19, 34).
L’Évangéliste se sert d’une expression choisie à dessein : il ne dit pas qu’on a frappé ou blessé le côté du Sauveur, ou qu’on a fait quelque autre chose semblable ; mais : « on l’a ouvert ». Effectivement, la porte de la vie devait s’ouvrir à l’endroit où ont pris naissance les Sacrements de l’Église ; sans lesquels il est impossible d’arriver à la vie, qui est la seule véritable. Ce sang a été répandu pour la rémission des péchés ; cette eau est un salutaire liquide, car elle nous sert de bain et de breuvage. Dieu annonçait d’avance cet événement, en donnant à Noé l’ordre d’ouvrir, au flanc de l’arche, une porte (Gn 6, 16) par laquelle devaient entrer les animaux destinés à ne point périr sous les eaux du déluge ; ces animaux préfiguraient l’Église. Voilà encore pourquoi la première femme a été tirée du côté d’Adam, pendant qu’il dormait (Gn 2, 22) ; voilà pourquoi elle a reçu le nom de vie et de mère des vivants (Gn 3, 20). Même avant l’incalculable mal de sa prévarication, elle a été ainsi l’annonce d’un bien infini. Le second Adam, Jésus-Christ, ayant baissé la tête, s’est endormi sur la croix, pour qu’une épouse lui fût donnée, et, pendant son sommeil, cette épouse est sortie de son côté. Ô mort, qui fait revivre les morts ! Y a-t-il rien de plus pur que ce sang ? Quoi de meilleur pour guérir nos plaies ?