La Présentation de Marie au Temple souligne que Marie est par sa qualité de Mère de Jésus le Temple du Très-Haut. Cette fête est pour nous l’occasion de contempler en Marie cette créature totalement consacrée à Dieu, c’est-à-dire totalement donnée, disponible, accordée par sa volonté à la volonté divine de salut universel. Et si la figure de Marie nous permettait de relire la relation qui nous unit au Seigneur ?
C’est bien la question à laquelle nous renvoie l’évangile (Lc 19, 11-28). À celui qui l’informe de la présence de ses parents qui intrigués ou peut-être subjugués par ce qu’il est en train d’opérer, cherchent à lui parler, Jésus répond : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » Et d’ajouter en tendant la main vers ses disciples : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère ». Détrompons-nous. Jésus ne rabroue pas sa famille. Il rebondit plutôt sur l’opportunité de la situation qui se présente à lui pour révéler la qualité du lien qui l’unit à ses disciples.
Jésus déclare ces derniers : « sa mère » et « ses frères », en tant qu’ils font la volonté de son Père. Qu’est-ce à dire ? Faire la volonté du Père manifeste clairement une attitude de fils. Tenir sa volonté en communion avec celle du Père céleste, n’est-ce pas l’attitude par excellence du Fils Unique ? Alors c’est bien à juste titre que celui qui fait la volonté du Père peut être déclaré « fils » et donc « frère » de Jésus.
Mais Jésus affirme aussi que celui qui fait la volonté du Père peut être appelé « sa mère ». Comme il est bon pour nous de revenir à l’attitude de Marie pour comprendre ces paroles de Jésus. Nous nous rappelons ici sa réponse à l’Ange Gabriel : « Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole ». (Lc 1, 38) En accueillant en son sein le Verbe de Dieu, Marie communiait à la volonté divine de salut. Elle épousait la volonté du Père céleste de sauver tous les hommes. En elle, la prophétie de Zacharie s’accomplissait : « Chante et réjouis-toi, fille de Sion ; voici je viens, j’habiterai au milieu de toi, déclare le Seigneur. En ce jour-là, des nations nombreuses s’attacheront aux Seigneur, elles seront pour moi un peuple, et j’habiterai au milieu de toi » (Za 2, 14).
Nous comprenons alors que « faire la volonté du Père » en tant que « mère » signifie enfanter le Christ. Cette attitude est à rapprocher de l’obéissance entendue dans le sens évangélique de « communion des volontés ». Et si l’on se rappelle que l’étymologie de « obéir » : obœdire veut dire « prêter l’oreille à quelqu’un », « faire la volonté du Père » prend alors la coloration d’ » écouter la Parole de Dieu » pour l’accueillir et l’enfanter. Il n’est pas anodin que dans le parallèle de cet épisode chez saint Luc, Jésus s’exprime ainsi : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique » (Lc 8, 21). Ainsi « faire la volonté du Père » et « écouter la Parole de Dieu et la mettre en pratique » représentent, face à Jésus, une même attitude caractéristique du vrai disciple.
La personne de Marie nous invite à entrer dans un rapport qui nous unit au Christ sous le mode la « fraternité » et de la « maternité ». Le disciple est frère de Jésus en tant qu’il communie lui aussi à la volonté divine paternelle de salut de tous les hommes. Et il se découvre « mère de Jésus » en tant qu’il enfante la Parole divine du Verbe de Dieu dans les cœurs par le témoignage qu’il donne de la transformation de sa propre vie par cette même Parole divine.
Seigneur donne-nous la grâce d’accueillir ta Parole dans notre cœur, de nous laisser transformer par elle afin de la porter au dehors. Marie soit ici notre modèle. Aide-nous à entrer dans cette attitude de totale disponibilité à la volonté de salut de notre Père qui fera de nous des disciples authentiques de Jésus.