Un enfant bien-aimé désire la présence de sa mère, et la mère, à son tour, aspire à vivre avec son enfant. Il était donc juste que vous montiez vers votre fils, vous dont le cœur brûlait d’amour pour Dieu, le fruit de vos entrailles ; juste aussi que Dieu, dans l’affection toute filiale qu’il portait à sa mère, l’appelât auprès de lui, pour qu’elle y vécut dans son intimité. Ainsi, morte aux choses caduques, vous avez émigré vers ces tabernacles éternels où Dieu fait sa demeure, et désormais, ô Mère de Dieu, vous ne quitterez plus sa très douce société. Vous avez été la maison de chair où II s’est reposé ; à son tour, ô glorieuse Vierge, il devient le lieu de votre repos dans cette chair, ô Mère de Dieu, qu’il a reçue ; de vous. Il vous a donc attirée à lui, affranchie de toute corruption ; voulant, si je peux m’exprimer ainsi, vous avoir collée de près à ses lèvres, à son cœur. Voilà pourquoi tout ce que vous demandez pour vos malheureux enfants, il vous l’accorde et met sa vertu divine au service de vos prières.
Comment la mort aurait-elle pu vous réduire en cendres et en poussière, vous qui, par l’incarnation de votre Fils, avez délivré l’homme de la corruption et de la mort ? Vous avez donc quitté la terre afin de confirmer la mystérieuse réalité de la redoutable incarnation. En vous voyant émigrer de ce séjour de passage et soumise aux lois fixées par Dieu et la nature, on a été amené à croire que le Dieu que vous avez enfanté est sorti de vous, homme parfait, Fils véritable d’une mère véritable, possédant un corps comme le nôtre et pour cela n’échappant pas au sort commun. Votre Fils lui aussi a, de la même manière, goûté une mort semblable pour le salut du genre humain. Mais il a entouré de la même gloire son sépulcre, vivifiant et le tombeau, réceptacle de vie, votre dormition. Vos deux corps ont été ensevelis, mais n’ont pas connu la corruption.
A vous, toute chaste, toute bonne et pleine de miséricorde, Souveraine la consolation des chrétiens, le refuge le plus assuré des pécheurs, le soulagement le plus ardent des affligés, ne nous laissez pas comme des orphelins privés de votre secours. Si nous étions abandonnés de vous, où donc nous réfugierions ? Que nous arriverait-il, ô toute sainte Mère de Dieu ? Vous êtes le souffle et la vie des chrétiens. De même que la respiration apporte la preuve que notre corps possède encore son énergie vivifiante, ainsi, votre très saint nom inlassablement prononcé par la bouche de vos serviteurs, en tout temps et en tout lieu et de toute manière est bien plus que la preuve, il est la cause de la vie, de l’allégresse, du secours pour nous. Protégez-nous sous les ailes de votre bonté. Soyez notre secours par vos interventions. Accordez nous la vie éternelle, vous l’espoir Incomparable des chrétiens. Car nous sommes les pauvres en œuvres et en mœurs divines ; et en contemplant les richesses de la miséricorde que vous nous montrez, nous pouvons dire : Remplie est la terre de la pitié du Seigneur. Nous étions éloignés de Dieu par la multitude de nos péchés ; par vous nous avons cherché Dieu et nous l’avons trouvé ; et, pour l’avoir trouvé, nous avons été sauvés. Puissant est votre secours pour notre salut, Mère de Dieu ; il n’a pas besoin d’un autre médiateur auprès de Dieu.
Qui donc, après votre Fils, s’intéresse comme vous au genre humain ? Qui nous défend sans cesse dans nos tribulations ? Qui nous délivre aussi vite des tentations qui nous assaillent ? Qui se donne autant de peine pour supplier en faveur des pécheurs ? Qui prend leur défense pour les excuser dans des cas désespérés ? En vertu de la franchise et de la puissance que votre maternité vous a acquises auprès de votre Fils, bien que nous soyons condamnés pour nos crimes et que nous n’osions plus regarder vers les hauteurs du ciel, vous nous sauvez, par vos supplications et vos intercessions, des supplices éternels. Aussi l’affligé se réfugie t-il auprès de vous. Celui qui a subi l’injustice accourt à vous. Celui qui est rempli de maux invoque votre assistance. Tout ce qui est à vous, Mère de Dieu, est merveilleux, tout est plus grand que nature, tout dépasse notre raison et notre puissance. Votre protection elle aussi est au-dessus de la pensée.