Demain doit être un jour de grand recueillement et de grande ferveur. Jésus est proche, il est sur le point de sortir du sein maternel. Il a déjà fait entendre sa voix pleine d’amour : « Voici que je viens ! » (Ap 16, 15) Et moi, je dois me préparer avec une attention spéciale à sa venue, car j’en espère des avantages immenses. J’ai de grandes choses à lui communiquer, et il a, lui, de grands et innombrables bienfaits à me donner. Demain, mon esprit et mon cœur doivent rester au calme toute la journée devant le tabernacle, transformé ces jours-ci en étable de Bethléem. « Viens, bon Jésus, viens et ne tarde pas ! »…
La nuit est déjà avancée, les étoiles scintillent dans le froid du ciel. De la ville, des voix bruyantes et des cris parviennent à mes oreilles. Ce sont les jouisseurs de ce monde qui fêtent dans les excès la pauvreté du Sauveur. Et moi, je veille, en pensant au mystère de Bethléem. Viens, Seigneur Jésus, je t’attends.
Marie et Joseph, repoussés par les habitants et sentant le moment arrivé, partent dans la campagne à la recherche d’un abri. Moi, je ne suis qu’un pauvre berger, je n’ai qu’une pauvre étable, une petite mangeoire et un peu de paille. Je vous offre tout, ayez la bonté d’accepter cette pauvre cabane. Hâte-toi, Jésus, voici mon cœur pour toi. Mon âme est pauvre et vide de vertus, la paille de mes nombreuses imperfections te piquera… ; mais que veux-tu, Seigneur ? C’est tout ce que je possède. Ta pauvreté m’émeut, m’attendrit, m’arrache des larmes. Mais je ne vois rien de mieux à t’offrir. Jésus, orne mon âme de ta présence, de tes grâces, brûle la paille et change-la en une couche sous ton corps très saint…
Jésus, je t’attends… Ils te laissent geler ; viens dans mon cœur. Je ne suis qu’un petit pauvre, je te réchaufferai de mon mieux ; au moins, je veux que tu te réjouisses du désir que j’ai de t’aimer beaucoup.