Il est tombé en terre et il est mort et il a porté beaucoup de fruit (Jn 12, 24). Il s’est laissé tomber comme une semence pour récolter en moisson le genre humain. Heureux le sein de Marie où pareille semence a pris racine ! Heureuse celle à qui il a été dit :
Ton sein est comme un monceau de froment, qui est entouré de lis (Ct 7, 3).
N’est-il pas comme un monceau de froment, ce sein de la Vierge qui s’est dilaté sous l’action de celui qui est tombé en lui, et où a levé toute la moisson des rachetés ? Oui, morts au péché en nous-mêmes, à la fontaine baptismale par le bain de la régénération nous renaissons au Christ, afin de vivre en celui qui est mort pour tous. C’est pourquoi l’apôtre Paul dit :
Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ (Ga 3, 27).
D’un seul grain viennent donc de nombreuses moissons, d’un grain qui sort du sein de la Vierge Marie.
Il est appelé « monceau » de froment, non pas tellement à cause du nombre des rachetés, mais à cause de la force de cette semence, à cause de l’efficacité du semeur, plutôt que de la multiplicité de ceux qui sont récoltés… C’est lui ton fils, ô Marie ! C’est lui qui pour toi est ressuscité des morts le troisième jour et dans ta chair est monté au-dessus de tous les cieux, pour remplir toutes choses. Tu es donc en possession de la joie, ô bienheureuse. Tu as reçu en partage l’objet de ton désir, la couronne de ta tête… Réjouis-toi et sois heureuse, car il est ressuscité celui qui est ta gloire. Tu t’es réjouie de sa conception, tu as été affligée dans sa Passion, réjouis-toi maintenant de sa résurrection. Personne ne t’enlèvera ta joie, car le Christ ressuscité ne meurt plus, la mort n’a plus sur lui aucun pouvoir (Rm 6, 9).