Un peu d’histoire
Au cours de l’histoire, lors du choix d’un évêque diocésain, plusieurs intervenants pouvaient entrer en jeux :
- D’une part, les fidèles du diocèse eux-mêmes : soit pas une acclamation en faveur d’un candidat, soit par une réception de l’élu, mais dans tous les cas il fallait l’approbation de l’autorité ecclésiastique.
- D’autre part, les autorités ecclésiastiques extérieures au diocèse : les évêques de la province et le métropolitain, l’évêque de Rome.
- Enfin les autorités politiques : celles-ci sont souvent intervenues dans les affaires de l’Église, réduisant ainsi sa liberté. Ces interventions, ponctuelles ou régulées par un concordat, étaient plus ou moins concédées par l’Église (mieux acceptées en orient).
L’élection des évêques a suivit des traditions différentes pour l’orient et l’occident. Mais une constante demeure : l’approbation du candidat par les autorités épiscopales, même dans les formes d’élection où la liberté de l’Église était la plus limitées.
L’Église latine
Réduction du rôle des laïcs…
Dans la tradition de l’Église latine, des candidats à l’épiscopat ont potentiellement pu être choisi par les évêques de la province, le métropolitain ou le pontife romain, le peuple donnait son approbation (prêtre et/ou laïcs) et le métropolitain confirmait ce choix. Le nombre des chrétiens augmentant dans les communautés, l’importance des laïcs dans le mode d’élection va diminuer au profit des clercs. Le clergé grandissant va lui-même laisser place à ses membres les plus éminents qui au fils du temps s’instituerons en collège (cf. Querelles des investitures, Latran II, 1139, chapitres des chanoines).
… et intrusion des autorités politiques
Inversement, a certaines époques, les autorités politiques sont fréquemment intervenues dans l’élection d’un évêque, réduisant ainsi la liberté de l’Église (mérovingiens, carolingiens, wisigoths, ou encore les concordats ou privilèges concédés par la papauté).
Le rôle du pape
Le pape a toujours eu la possibilité d’ordonner des évêques diocésains d’une manière directe, même si cette fonction n’était pas exercée en pratique. Mais c’est surtout au moyen-âge que son rôle devint important car on avait recours à lui pour régler les litiges. Au XIXème siècle, la sécularisation des sociétés civiles va permettre à l’Église de retrouver sa liberté, pour les mêmes raisons le pouvoir pontifical va se renforcer. La centralisation de l’Église autour du pontife romain va conduire à une forme d’élection moins traditionnelle : la libre élection de l’évêque par le pape.
L’exception des Églises orientales
Pour une candidature à l’intérieur du territoire des Églises patriarcales ou archiépiscopales majeures, l’élection d’un patriarche ou d’un archevêque majeur se fait par un synode tenu par les évêques de l’Église concernée. Les candidats potentiels auront préalablement obtenu le consentement du pape, sinon le nouveau nommé devra l’obtenir. Le synode informe ensuite le pontife romain et le nouveau patriarche lui écrit une lettre pour lui demander la communion ecclésiastique.
Dans ces Églises, les nominations par le pape font figure d’exception, elles concernent les cas suivant :
- Pour un siège hors du territoire d’une Église patriarcale ou archiépiscopale majeure. Un synode tenu par les évêques de cette Église donne une liste de trois candidats à partir de laquelle le pape choisi un nom.
- Pour le siège d’une Églises sui iuris métropolitaines, cette liste sera établie par le conseil des hiérarques.
- Pour le siège d’une Églises sui iuris, le pape nomme directement un hiérarque (la taille de ces Églises étant trop petite pour tenir un conseil, ces Églises se composant souvent d’un seul hiérarque).
L’élection aujourd’hui
C’est donc sur cette base qu’aujourd’hui le canon 377.1 prévoit deux modes d’élection possibles :
- L’élection libre d’un candidat par le pape. C’est le mode d’élection normalisé par le droit canon actuel, les deux formes d’élections suivantes devant tendre à disparaître. Mais cette forme laisse la tradition de la collégialité en retrait, un restant de collégialité persiste avec une procédure de désignation en amont de trois candidats potentiels, cette liste est établie par la conférence des évêques (chaque évêque restant libre de présenter un candidat) la liste, établie tous les trois ans pour chaque diocèse, est remise au nonce qui complètera l’enquête.
- La confirmation par le pape d’un candidat légitimement élus. Rare, cette formule compte pour l’Église latine en Occident 17 évêchés électifs.
Le canon 377.5 garde un troisième cas d’élection : La nomination d’un candidat par les autorités civiles. Ce type de nomination, lié à l’histoire, est issu de concessions antérieures au droit actuel. Si l’Église ne peut pas se permettre de revenir sur cette forme de nomination pour des raisons diplomatiques elle n’accorde plus cette possibilité d’élection à l’avenir.