Ne considère pas indigne de toi, parce que tu es un homme, d’être enseigné par une femme. Puisque l’homme et la femme ne sont pas différents en leur âme, mais en leur corps, et que le combat contre le diable se fait au moyen de la raison et de la pensée, et non avec le corps, c’est à bon droit que la femme doit avoir confiance.
Dans les Écritures, as-tu vu Eli ? As-tu vu Anne (1 S 1-2) ? La nature ne fut d’aucune utilité au premier, elle n’empêcha pas la seconde de mener en cadence l’éducation de ses enfants ; au contraire, Anne acquit plus de renommée qu’Eli.
Écoute aussi Paul, qui dit : La femme victime de la tromperie (cf. Gn 3, 6) fut dans la transgression, mais elle sera sauvée par l’enfantement, à condition que ses enfants persévèrent avec tempérance dans la foi, l’amour et la sainteté (1 Tm 2, 14-15). Donner naissance est à la fois un avantage et un désavantage de la nature, mais façonner quant à l’âme ceux qui sont nés dépend de la sollicitude de la mère qui donne le jour. Songe comme c’est important : alors que Dieu a mis sous ta responsabilité ceux qui sont nés, au point d’ajouter ce commandement aussitôt après celui qui le concerne lui-même (cf. Dt 6, 5-7), toi tu es nonchalant au point de voir avec indifférence mourir ceux que tu as reçus sous ton autorité ! Cette parole concerne donc non seulement les enfants, mais aussi ceux qui leur donnent naissance, afin qu’ils se rendent eux-mêmes dignes d’enseigner.