Si Dieu sait tout – passé, présent, avenir – comment échapper au fatalisme ? Son savoir fige ma liberté. J’aurais beau freiner le vagabondage de mon imagination, je n’effacerai pas de son horizon cet observatoire sur un haut plateau où Dieu se tient immobile, surplombant et surveillant l’entière surface des mers et des plaines, théâtre de marionnettes où se déroule la comédie humaine dont il connaît – de toute éternité (comme on dit) – l’exposition, les péripéties et le dénouement. Que reste-t-il aux acteurs, sinon de s’essayer à bien jouer ?… La est la limite humaine : pouvoir connaître sans aimer et aimer sans connaître. La connaissance sans amour est ce regard de l’esprit sur soi qui bloque l’élan de l’âme […]. C’est ce processus qu’il faut nier quand on affirme l’omniscience de l’amour en Dieu. Nulle disjonction en lui entre l’acte d’aimer et l’acte de connaître. Il n’est pas esprit et âme, mais transparent à lui-même, il connait tout sans que rien ne soit un spectacle pour lui.