L’Église tout entière, dans la mesure où elle est vraiment le corps du Christ (par l’eucharistie), doit être crucifiée avec sa Tête, et cela d’abord sans considération de la souffrance subjective des chrétiens, mais par le simple fait de son existence et la logique de la foi elle-même. Car le contenu de cette foi est que le pécheur en tant que pécheur est attaché à la Croix du Christ, réellement et pas seulement selon une vague représentation, et qu’ainsi le Christ meurt « de ma mort de péché », pendant que moi, au-delà de moi-même, j’obtiens par cette mort la vie de l’amour de Dieu. Paul exprime donc avec la plus grande précision la situation de l’Église totale quand il déclare : Je vis, mais ce n’est plus moi [en tant que moi demeurant centré sur lui-même], c’est le Christ qui vit en moi (Ga 2, 20), ce qui signifie : « Je suis crucifié avec le Christ. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré pour moi. Je n’annule pas le don de Dieu ». C’est l’expression de la constitution essentielle de l’existence ecclésiale. Devenir chrétien signifie venir à la Croix.