On ne nous dit pas : Allez vers l’Orient pour chercher la charité, naviguez vers l’Occident pour trouver l’amour de Dieu. Non, c’est à l’intérieur, dans notre cœur – dont nous avons constamment à chasser la colère – qu’il nous est ordonné de rentrer ; comme le dit le prophète : Pécheurs, revenez, à votre cœur. Je viens de le dire ; ce n’est pas dans les régions lointaines qu’on trouve ce que le Seigneur demande de nous : c’est à l’intérieur de notre cœur qu’il nous envoie. Il a en effet placé en nous ce qu’il requiert de nous.
Dieu te dit : ce n’est pas moi qui tire de toi ma croissance, mais toi de moi. Je veux un sacrifice qui soit utile à l’homme, et s’il me parvient c’est parce qu’il t’est utile. Tu peux me dire : Je n’ai rien à donner à l’indigent, je ne peux pas jeûner fréquemment et m’abstenir de vin ou de viandes. Mais peux-tu me dire que tu ne peux avoir la charité ? Elle qu’on possède d’autant plus pleinement qu’on la dispense totalement.
De meilleur marché qu’un verre d’eau froide, il n’y a que la bonne volonté… Mais peut-être ai-je tort de dire que la bonne volonté est ce qu’il y a de meilleur marché ? oui, car elle est plus chère que tout et il a tout, celui qui a la bonne volonté. La bonne volonté, en effet, s’appelle charité.
Remarquez, frères, que l’aumône de la charité, sans être accompagnée de dons matériels, peut se suffire à elle-même, tandis qu’un don matériel qui n’émane pas d’un cœur bienveillant n’a pas de valeur. Ainsi, comme vous le voyez vous-mêmes, frères très aimés, pour la rémission de tous nos péchés, si l’on ne possède pas de biens terrestres, la charité et l’amour des ennemis sont plus que suffisants ; et à cet égard, nous n’aurons aucune excuse, au jour du jugement : personne ne pourra dire qu’il n’a pas eu de quoi racheter ses péchés.