Charles Journet, né catholique à Genève, terre calviniste, en 1891, ne ressent l’appel de la prêtrise qu’après un début de carrière bancaire. Ordonné à Fribourg en 1917, il est très vite nommé professeur de théologie dogmatique au Grand Séminaire de cette ville, sans abandonner une activité paroissiale à Genève. Il fonde en 1926 la revue théologique Nova et Vetera dans laquelle il affine ses recherches sur la pensée de Saint Thomas d’Aquin, soutenu dans son travail par son ami Jacques Maritain, lui aussi grand connaisseur du thomisme. Son enracinement à Genève, la ville de Calvin, le pousse très vite à s’intéresser aux rapports avec le protestantisme. Oecuménique convaincu, il critique les débuts chaotiques du mouvement parti de Suède dans les années 20 dans deux livres L’esprit du protestantisme en Suisse et L’union des églises selon le congrès de Stockholm. Il dénonce dès 1933 la venue au pouvoir du nazisme et la persécution des juifs. Pendant la guerre, il appelle son pays, neutre et non engagé dans le conflit, à oeuvrer résolument pour le respect des droits de l’homme et la protection des persécutés. Paul VI le nomme cardinal-diacre en 1965 – il deviendra ensuite cardinal-prêtre -, pour lui permettre de prendre part aux travaux du concile Vatican II. Son apport permettra la mise au point de textes importants, sur la liberté religieuse entre autres, et de la constitution Gaudium et Spes. Il est mort en 1975.