Je vous Salue Marie
Notes
La seconde partie de cette prière fut ajoutée par saint Bernard de Clairvaux, la langue de référence pour cette partie du texte est donc le latin, mais la première partie du texte est tirée de deux versets de l’Évangile de Luc, celle-ci remonte donc au grec :
χαῖρε, κεχαριτωμένη, ὁ κύριος μετὰ σοῦ (Lc 1, 28).
εὐλογημένη σὺ ἐν γυναιξὶν καὶ εὐλογημένος ὁ καρπὸς τῆς κοιλίας σου (Lc 1, 42).
Ces versets font directement référence au livre de Sophonie :
Pousse des cris de joie, fille de Sion ! une clameur d’allégresse, Israël ! Réjouis‐toi, triomphe de tout ton cœur, fille de Jérusalem ! Yahvé a levé la sentence qui pesait sur toi ; il a détourné ton ennemi. Yahvé est roi d’Israël au milieu de toi. Tu n’as plus de malheur à craindre. Ce jour‐là, on dira à Jérusalem : Sois sans crainte, Sion ! que tes mains ne défaillent pas ! Yahvé ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur ! (Sophonie 3, 14-17).
Le terme grec χαῖρε rend à la fois l’expression « Salut » et « Réjouis-toi », chez les hébreux en effet la salutation était aussi un appel à rendre grâce. Ces deux traductions se complètent afin de recouvrir pleinement le sens du terme grec d’origine.
Le terme κεχαριτωμένη (« pleine de grâce ») remplace le nom de Marie, c’est donc un nom nouveau donné par Dieu comme dans tous les récits de vocation de l’Ancien Testament, il faut donc y prêter attention :
La plénitude de grâce désigne tous les dons surnaturels dont Marie bénéficie en rapport avec le fait qu’elle a été choisie et destinée à être Mère du Christ (Jean Paul II, Redemptoris Mater, 8 et 9).
Le temps du verbe (participe parfait passif) désigne une action passée dont les effets demeurent, on pourrait traduire par : « Réjouis-toi d’être (d’avoir été) transformée par la grâce » (Ignace de la Potterie, Biblica 68, 1987).
L’expression « le Seigneur est avec toi » est très importante : elle fait référence à l’Alliance entre Dieu et son peuple en Sophonie 3, 14-17 :
La joie annoncée par l’Ange, c’est la joie messianique, la joie eschatologique exprimée par Sophonie. Marie, qui reçoit l’Annonce, c’est la Fille de Sion : elle résume Israël à cette heure décisive. (René Laurentin, Court traité sur la Vierge Marie, 6ème édition, p. 28).